jeudi 23 février 2017

La Tour de Babel

la tour de babel

Gustave Doré, La confusion des langues ou La Tour de Babel (1866)

Nus comme les louves d’un vaste lupanar,
De puissants ouvriers, au désert de Shinar,
Jusqu’au firmament bleu voient leur tour qui s’élève
Et grandit lentement comme un enfant qui rêve,
Bercée avec ardeur par leurs chants vigoureux.
De leur œuvre inutile ils sont plus amoureux
Qu’un amant dans les bois seul de son amante,
Et contemplent cette construction charmante
Faite de pierres, qui semble faite de chair,
Et dont le grand sommet triomphant perce l’air,
Flèche qui est du sang des nuages rougie !
Elle éteint le soleil vain comme une bougie,
Que cache à l’univers ce funeste géant !

Les sombres bâtisseurs de cet obscur néant,
Frappés de confusion, ne pouvant s’entendre, 
Continuent, cependant, tous à y descendre,
Et bien qu’ils soient parents d’un seul pays venus,
Parlent des dialectes de leurs fils inconnus
Et ont tous oublié leur langue natale ;
Ils poursuivent, aveugles, leur œuvre fatale ! 
« Herkommen ! Taala ! Come ! Viens !... » Nul ne comprend
Ce que dit son voisin tout à coup différent ;
Courroucés, endiablés, ils bâtissent encore
Pour ravir au grand ciel son épouse, l’Aurore.  


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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