lundi 17 avril 2017

Conte: Ivan (Partie I)

CONTE: ivan (PARTIE I)

I. Comment Ivan fut sauvé deux fois d’un trépas certain

Un prospère marchand russe avait jadis,
Un doux garçon du nom d’Ivan, son seul fils.
Quand sa femme chérie vint à être morte,
A une marâtre il fit ouvrir sa porte,
Qui haïssait Ivan, joyau de la maison,
Et voulait le tuer pour la seule raison
Qu’elle était jalouse de l’amour de son père.
Le marchand voyageait beaucoup ; la vipère
Décida de tuer son fils, le voyant partir.
Le petit, à chaque matin, devait sortir
Pour aller à l’école, et la noire Furie,
Remarqua qu’il allait, le soir, à l’écurie
Soigner son beau cheval, sombre comme la nuit,
Et qu’il appelait son Fidèle, ou son Viernui.  
Ce cheval n’était point un cheval ordinaire :
Comme les bêtes des contes imaginaires
Il parlait aussi bien qu’un homme très instruit.
Au lieu de saluer avec de joyeux bruits
Comme d’habitude, un soir, il baissait la tête
Et semblait très triste. « Qu’as-tu, ma brave bête ?
Lui demanda Ivan. « Inquiet de votre sort,
Je gémis car votre mère veut votre mort,
Répondit le cheval ; la perfide va mettre
Du poison dans votre vin. Gardez-vous d’être
La victime de cette femme sans pitié
Qui n’a pour vous qu’une mortelle inimitié. »
Ivan entre au logis. Sa cruelle belle-mère
Lui offre une coupe de vin ; la meurtrière
Feignait de sourire, mais Ivan, en tremblant,
Lui dit qu’il n’avait point soif. Elle fit semblant 
D’en être désolée, et fut si pressante
Et se montra si douce et si caressante,
Qu’Ivan lui fit croire qu’il buvait son poison
Alors qu’il le versait sur le profond gazon 
Du jardin, adossé contre la fenêtre.
Il vit l’herbe brûlée. C’est lui qui eût pu l’être !
La marâtre blêmit en le voyant vivant.
Il alla voir son bon cheval, le soir suivant,
Et il le remercia avec mille caresses.
Le cheval soupira, le cœur plein de tendresse,
Et dit à son maître : « Rien, hélas, n’a changé,
Et vous courez toujours un extrême danger.
Votre belle-mère, monstre que j’abhorre,
Veut vous empoisonner une fois encore :
Surtout ne mangez pas de son gâteau fatal. »  
Une deuxième fois remerciant son cheval,
Par la fenêtre Ivan, d’un geste rapide,
Jette le noir gâteau de sa mère homicide.
Un chien errant le mange, et aussitôt hurlant, 
Meurt dans de vifs tourments, par terre se roulant, 
Et la marâtre fut encore furieuse,
Ne comprenant rien à ces survies mystérieuses.

[A SUIVRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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