samedi 15 avril 2017

Conte: Le Cheval enchanté (Partie VI)

CONTE: LE CHEVAL ENCHANTÉ (PARTIE Vi)


VI. De quelle manière le magique cheval aida son maître à reconquérir sa liberté

Pleurant dans son cachot, plus à plaindre qu’avant,
Le jeune condamné, de ses vieux jours rêvant,
Revoit avec une sombre mélancolie
Ses funestes fautes et toutes ses folies.
Il avait sans doute mérité ce noir sort ;
Pourquoi avoir cherché à exhiber son or
Et à faire partout un dangereux tapage ?
Pourquoi cette vaste maison emplie de pages ?
Mais il songe surtout, amer et irrité,
Au cheval à qui il doit sa prospérité
Et qu’il a oublié souvent dans l’écurie.
« Ô mon doux bienfaiteur, aide-moi, je t’en prie !
Gémissait-il, dans la sombre nécessité
J’étais plongé dans ma rêveuse cécité,
Tous mes jours s’écoulaient dans la sombre insouciance
Et de la paresse j’ai fait une science ;
Dans l’opulence aussi ! et je t’ai négligé !
Pardonne, mon cheval, à ton maître affligé
Qui te chérit toujours, son peu de sagesse ! 
J’ai profité de tes généreuses largesses
Et je passais mon temps à rêver et dormir. »
Aussitôt qu’Ibrahim eut fini de gémir,
Il vit de la vapeur dans son cachot humide,
Et sans croire, d’abord, à ses yeux livides,
La tête de son bon cheval qu’il embrassa
Et avec de joyeux transports il caressa.
Il suivit ensuite sa bête magique 
Qui allait calmement, contente et tragique, 
Dans un ténébreux et lugubre corridor,
Amoureux embrassant la prison qui s’endort.
Ibrahim arriva enfin, las et blême,
Devant une grille de fer qui d’elle-même
S’ouvrit pour le laisser passer et son cheval.
Sur le dos puissant du prodigieux animal,
Ibrahim le laissa, sans tenir la bride
– un tel quadrupède n’a point besoin de guide –
L’emmener loin de la ville et de sa prison,
Bien heureux de revoir le limpide horizon.

[A SUIVRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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