mardi 23 mai 2017

Conte: Le Phénix (Partie VI)

CONTE: LE PHÉNIX (PARTIE Vi)


VI. Comment l’ours secourut, une fois encore, l’incorrigible prince 

En douze heures de temps, Ferdinand arrive,
Si grande qu’on en croit les deux autres chétives,
A une belle ville où tout ce qu’on voit plaît.
L’ours montre à Ferdinand un immense palais :
Le coursier invincible est dans son écurie ;
Rapide comme le vent, le monde est sa prairie,
Tous les autres chevaux ont la selle en argent
Et la sienne est en bois, seulement, en la changeant,
Il le regrettera. Mais Ferdinand l’assure
Qu’il suivra ses conseils d’une façon sûre.
Le lendemain il est pris comme palefrenier
Au service du roi ; le voyant, ce dernier,
Ebloui par son zèle et son âme loyale,
Le nomme Gouverneur des écuries royales.
Un jour, après avoir réfléchi et donné
Des ordres fastidieux à ses subordonnés
Pour être seul et remplir sa vraie tâche,
Il caresse le beau cheval et le détache,
Magnifique alezan qui ressemble à un lion 
Avec sa crinière d’où sortent des rayons.
Pour ce noble animal l’âme de respect pleine,
Ferdinand pense que sa selle est vilaine
Et que vraiment elle n’est pas digne de lui,
Et lui met une autre selle en or qui reluit.
Aussitôt le cheval, plein d’une ardeur guerrière,
Se lève en rugissant sur ses pieds de derrière
Et comme un homme crie : « Au voleur ! au voleur ! »
Avant que Ferdinand ne pense à son malheur,
On se saisit de lui et comme d’habitude
On le jette dans la sombre solitude
D’un horrible cachot qui ressemble à l’enfer.
Il gémit toute la nuit, accablé de fers
Et implorant en vain son ami fidèle
De venir les briser, ô attente cruelle !
Mais Ferdinand a sans doute bien mérité
Cette punition. Enfin l’ours irrité
Apparaît, et semble d’abord sans clémence
Pour le prince, chaque fois atteint de démence.
Il lui dit, cependant, attendri par ses pleurs :
« Vous avez connu trois fois le même malheur
Pour la même raison ! un autre, plus sage,
Aurait plus vite appris la leçon. Quelle rage
Vous pousse chaque fois à me désobéir ?
Mais c’est votre bonté qui vous a fait faillir,
Et je vous pardonne une fois encore.
Promettez un diamant radieux comme l’aurore
Au roi, et vous serez libéré sans délai
Et quitterez votre cachot et le palais. »

[A SUIVRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: