mercredi 19 juillet 2017

Conte: Les fileuses d'or (Partie VI)

CONTE: LES FILEUSES D'OR (PARTIE Vi)


VI. Ce qui arriva à Léna s’enfuyant avec le prince

A midi, les jeunes amoureux qui errent
Arrivent au bord d’une vaste rivière
Avec leur escorte, et le pont est si étroit
Qu’ils le traversent l’un après l’autre, bien droits
Sur leurs chevaux : le prince est le premier qui passe,
Léna est derrière lui, son regard l’embrasse,
Après avoir franchi de ce pont la moitié,
Son cheval se cabre tout à coup, terrifié
D’on ne sait quoi, d’un spectre ou peut-être un mirage,
Et il hennit avec une si grande rage
Que la frêle Léna en jetant un grand cri
Tombe dans la rivière où le prince surpris
Veut se jeter aussi pour sauver sa princesse.
Ses gardes, toutefois, empêchant sa hardiesse,
De toute leur force le retiennent, disant
Que l’eau est très profonde et les flots épuisants,
Et que s’il s’y jette il en périra sans doute.
Sur un autre cheval il poursuit sa route,
Abattu, presque mort de chagrin, éploré,
Ne pouvant plus revoir le visage adoré
De la belle Léna qu’ont épousée les ondes
Engloutie par une eau moins fatale et profonde
Que sa noire tristesse et ses tourments amers
Plus profonds que toutes les rivières et mers.
Le roi, voyant son fils que l’amour tourmente
Soudain atteint d’une maladie alarmante,
Appelle les médecins ; bien qu’ils soient érudits
Ils ne comprennent rien à son mal : l’un lui dit
Que le prince est charmé, l’autre accuse la bile.
Le plus docte, le plus modeste et habile,
Lui dit fort simplement qu’il devrait obliger
A sortir tous les jours l’amoureux affligé
Dont quelque temps après l’état s’améliore
Sans qu’il n’ait oublié sa belle qu’il adore.

[A SUIVRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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