vendredi 30 mars 2018

Conte: Les extraordinaires aventures du rusé voleur (Partie XIV)


CONTE: LES EXTRAORDINAIRES AVENTURES DU RUSÉ VOLEUR (PARTIE XIV) 



XIV. Ce que fit le seigneur en essayant son sifflet

La femme du seigneur lui dit : « Mon pauvre ami,
Vous êtes innocent, aux chimères soumis !
Jeter ainsi dix mille écus par la fenêtre ! »
« Ma belle, vous êtes folle, car il faut l’être
Pour parler de la sorte, alors que ce sifflet
Ressuscite les morts, et qu’il est mon valet. »
« Je n’en crois rien. » « Eh bien ! vous changerez d’idée. »
L’insensé se met à frapper son affidée
De toutes ses forces, avec un gros bâton.
Elle crie, elle crie cent fois sur tous les tons
Puis elle tombe morte et pleine de blessures.
Mais elle va revenir, et la chose est sûre !
Le seigneur tranquillement s’assied dans un fauteuil
Et joue de son sifflet sans qu’il ne soit en deuil.
Il siffle, il siffle, mais la morte le demeure ;
Il siffle jusqu’au soir, crie, jure, hurle et pleure,
Et il arrête enfin son vacarme, navré
D’avoir tué sa femme, honteux, désespéré.
Il tonne, empli d’une colère effroyable :
« Ah ! je vais le tuer, ce voleur du diable !
J’ai tué ma femme ! Je l’ai tuée pour rien !
Ah, tu me le paieras ! Tu me le paieras bien ! »
Et de nouveau, cachant dans un drap la morte,
Court chez le voleur, qu’il trouve devant sa porte,
Donnant de grands coups de fouet sur un chaudron.
« Assassin, ignoble bandit, vilain larron !
S’écrie-t-il, tu m’as tout pris, voleur infâme :
Ma farine, mes draps, ma vache et ma femme !
Ah ! la mort vient à toi et tu seras châtié
Sans aucune clémence et sans nulle pitié ! »

[A SUIVRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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