samedi 14 avril 2018

Conte: Le Navire marchant sur terre (Partie II)

CONTE: LE NAVIRE MARCHANT SUR TERRE (PARTIE II) 


II. Pourquoi le jeune homme échoua dans sa quête

Le jeune homme s’assit au bord d’une fontaine
Pour déjeûner. Une femme à peine humaine,
Courbée en deux par l’âge et par la pauvreté
Passa près de lui, et il la vit s’arrêter
Et dire : « Jeune homme, la faim me torture !
Aide-moi, aide une pauvre créature
Que l’âge fatigue et qu’opprime le destin. »
« Quant à moi, j’ai marché depuis le matin,
Répondit froidement le jeune homme. Ma vieille,
Nos deux conditions sont tout à fait pareilles,
Je n’ai qu’un peu de pain et, hélas, il est mien. 
Passe donc ton chemin, je ne te donnerai rien. »
« Où vas-tu, jeune homme ? » « Tu n’es jamais lasse ?
« Je suis mon nez, et mon cul le pourchasse. »
« Ah ! que tu es grossier ! Parle-moi honnêtement. »
« Tu es apparemment malade d’entêtement !
Sache que ce sont des aiguillons que je cherche. »
« C’est que tu trouveras. Va, je meurs, et toi marche. »
Le jeune homme, qui la regarde avec dédain,
Après avoir achevé sa michette de pain,
Continue à marcher. Quand le soleil se couche,
Terrassé par la faim, il s’arrête, farouche,
Au seuil d’une grande métairie. « Métayer !
S’écrie-t-il, pour l’amour de Dieu, sans t’effrayer,
Donne-moi à manger, mon ami, je t’en prie ! »
« Décampe, fainéant ! Va-t’en d’ici ! » Lui crie
Le métayer, qui lui lance son aiguillon.
Le jeune homme le prend et dans d’autres rayons
Et d’autres ombres cent jours entiers il marche
Et prend les aiguillons sans trouver ce qu’il cherche.
Las enfin de manger l’herbe et de boire l’eau,
Ainsi qu’un animal, des paisibles ruisseaux,
Le jeune homme retourne un matin chez sa mère,
Presque mort de fatigue et l’âme fort amère.
Sa mère lui demande : « Alors, as-tu trouvé
Le Navire du roi ? » Le pauvre réprouvé
Lui répond : « Non. J’ai cent aiguillons et rien d’autre.
Que la fille du roi trouve un différent maître. »

[A SUIVRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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